Atmosphère Humeur

VERS LA DÉLIVRANCE…

Je me retrouve souvent seul au restaurant, ça ne guérit de rien, mais il arrive que j’y rencontre une autre solitude. Parfois celle d’un maître d’hôtel. Celui du Café Parisien à Istanbul, découvrait de longues dents jaunies quand il souriait. L’air endormi tant il était calme et résigné, il avait dû traverser bien des déceptions. La carte qu’il déposa à ma table paraissait trop lourde dans ses mains, peut être n’avait-il plus le courage d’en assumer la charge. Après consultation, j’ai repoussé la brochure plastifiée dans un coin, n’ayant nulle envie de reprendre une lecture déprimante. J’imaginais une manœuvre de repli vers la sortie, mais les suggestions de l’homme en noir m’empêchaient de rassembler mes pensées. J’ai lâchement prétendu que mon portefeuille était resté dans la boite à gants. La large baie vitrée reflétait l’ocre qui tombe le soir sur le port, une odeur forte de fleurs d’acacias pesait dans la salle. La distance vers la délivrance me parut interminable….
Extrait de : Istanbul, carnet de voyage. Anatole Nils

Istanbul, Carnet de voyage. Anatole Nils

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